Le voyage «en harmonie» au Chili (Gérard)

Paroles de voyageurs

Le voyage «en harmonie» au Chili (Gérard)

22 Jun 2015
par Bernard Patron

« Faut pas s'endormir sur nos lauriers », debout 6 h . la journée promet d'être riche en événements, toujours en minibus 4/4, aujourd'hui nous sommes accompagnés de cinq autres français. Arrêt au cœur du désert , à 2 300 m. d'altitude où repose une mer de sel, inattendue : El Salar de Catama, sur laquelle, dans des lagunes pêchent les flamants rose.

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Par des pistes de montagne à 4 300 m. d'altitude, entourés de   volcans ponctués de quelques restes de névés, se lovent : La Laguna Miscanti,  sic Annick « un site aux couleurs chatoyantes, dans un cadre volcanique, à en pleurer d'émotion » ; La Laguna Minique, un site époustouflant où le sel à 'fleur de peau' irise l'eau. Nous avons du mal à quitter les lieux, d'autan que nous faisons notre première rencontre avec deux groupes de vigognes.

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A 3 200 m. d'altitude, arrêt aux très jolis villages de :Socaire, en pleine expansion en raison du développement de l'extraction du lithium et du tourisme, nous y déjeunerons ; puis à Toconao, visite de l'église typique des Andes, avec porte et plafond en planches de cactus, vieilles d'un siècle. De retour à l'hôtel Casa Don Tomas, à San Pédro, nous savourons un bon repas ; Michel, entouré des Dames, veille d'un œil sur le cabernet sauvignon, notre fidèle compagnon de voyage.

 Holà... le rythme s'accélère !, réveil 3 h.1/2, départ 4 H, pas question de faire des mots croisés dans la 'cabane du jardin'. Quatre vingt seize kilomètres de pistes, en convoi de 4/4, nous propulsent à 4 320 m. d'altitude, aux Geysers du Tatio.

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Arrivés sur place de nuit nous ne mesurons pas encore la stupéfaction qui nous attend, mais Toutes et Tous se concentre dans un respectueux silence.

Le site semble être un cirque envahit par la brume lequel, dès les premières lueurs du jour, nous apparaît bien comme tel . Dès la sortie des véhicules nous sommes saisis par le froid qui règne à cette altitude, mais nos pieds reposent sur une cocotte minute, de partout s'ouvrent des soupapes de sécurité d'où s'échappent des gerbes d'eau chaude. Cet énorme cratère, dans un environnement glacial, vomit l'eau chauffée à 90° par la fusion terrestre c'est impressionnant, féerique mais 'bon dieu que ça caille' moins cinq degrés! Nous ne pouvons nous déplacer que lorsque la clarté et la visibilité le permettent, le risque est trop grand de poser les pieds dans un trou bouillant. Spontanément, parfois, la vapeur sort de terre là où on ne l'attend pas, c'est magique, difficile d'exprimer oralement nos impressions, le froid nous donne la 'tremblotte', les dents jouent des castagnettes.

Il nous faut du temps pour reprendre nos esprits, temps que Pédro, comme tous les autresaccompagnateurs, aura mis à profit pour, dans des sacs de toile plongés dans les trous bouillants, cuire les œufs durs et chauffer lait et chocolat, servis sur place pour le petit déjeuner. Emmitouflés, les mains profondément blotties au fond des moufles, malgré un vorace appétit, manger devient un exercice de style personnalisé, ce qui, à la vue des méthodes diverses employées, déclenche l'hilarité du groupe, le clou fut lorsque que l'oeuf d'Annick s'agitait en tous sens dans ses moufles.

Le soleil se lève, la pression change , une partie des geysers se désactivent, la vapeur est plus diffuse, les estomacs sont repus, les visiteurs envahissent le cratère pour les souvenirs photo. inoubliables, à croire qu'ici il n'y a que japonaises et japonais. Les adeptes de la baignade peuvent s'adonner à leur plaisir, dans la piscine d'eau chaude spécialement aménagée à cet effet. Les vigognes aussi en petits troupeaux, élégantes mais sauvages, apprécient le site, avec le soleil elles gagnent les touffes végétales éparses qui constituent leur nourriture.

Encore à regret, des souvenirs à vie, en perdant de l'altitude, nous descendons sur l'oasis de Lasana, notre trajet, sur cette piste de pierres roulantes et aiguës qui s'incrustent dans les crans des pneus, sera ralenti par deux crevaisons successives. Nous profitons de ces temps morts pour descendre à pied quelques hectomètres sur la piste afin d'incruster dans nos mémoires ces paysages hostiles aux être que nous sommes, sous le regard mi-étonné, mi-curieux des vigognes qui nous épient.

Bref arrêt à Chiu- Chiu, pour visiter la plus vieille église du Chili. A Lasana nous déjeunons et visitons les ruines de Pukara, ancienne forteresse indienne du douzième siècle puis, en route pour rejoindre l'aéroport de Catama, destination Santiago. Malheureusement, une pierre à effet retardant, nous stoppe en cours de route et cerise sur le gâteau : plus de roue de secours, un transfert de véhicule s'impose, s'impose aussi une attente imprévue sur le bord de la route. Enfin tout s'arrange mais : 'Fissa-fissa' pour rejoindre l'aéroport, sautons dans l'avion et à Santiago, rejoignons l'Hôtel Fontador.

Un dîner au restaurant clôturera cette merveilleuse journée.

« Demain il fera jour », pas sur... ! le réveil est prévu à 4 H 45 ? pour un transfert à l'aéroport, destination de Punta Arenas. Il est peut être temps de prendre un peu de repos. Transfert sans problème pour une destination plein sud mais, pour nous gens de l'hémisphère nord, sur le plan climatique ce serait plutôt une destination plein nord, un peu comme si nous passions du Sahara à la Finlande. Au cours du trajet les déserts arides du nord cèdent la place à l'eau, à la végétation. Vu d'avion, depuis l'Ile Chiloé, sur une large bande, le littoral Sud Est du Chili apparaît comme une immense moquette bleue, sur lequel un dédale d'îles informes seraient des motifs décoratifs. Après une brève escale à Puerto Monlt nous nous posons à Puntas Arénas où, en trois heures, un bus nous conduit à Puerto Natales.

 Monlt nous nous posons à Puntas Arénas où, en trois heures, un bus nous conduit à Puerto Natales.

A l'hôtel Ladrilleros, sur le bord du Pacifique, l'accueil est chaleureux, le repas extra, à base de poisson et ce qui ne gâte rien, pour la déglutition un Chardonnais que nous dégustons avec plaisir ! A l'issue de cette journée, afin de remettre nos jambes en mouvement et faciliter la digestion, une petite promenade s'impose. La fraîcheur du soir contraste avec la chaleur de St. Pédro d'Atacama, dare-dare nous sortons les vêtements d'hiver, presque oubliés au fond des valises, ils ont un petit air narquois et semblent nous dire : « hein ! enfin ! vous êtes bien contents que nous soyons là pour vous réchauffer »

Logent également à l'hôtel six Français voyageant avec «  La Route des Voyages ».

Leur formule différente de la nôtre consiste : pour l'agence d'assurer seulement les itinéraires ; pour eux, sur place, d'organiser leur séjour et leurs excursions … !

 La Patagonie est fidèle à sa réputation ce matin, au ponton d'embarquement, la brume et la pluie du matin nous accueillent, pour l'instant ce n'est pas très gênant, le bateau « 21 de Mayo III » nous offre un l'abri sûr, à dix heures nous accueillons avec plaisir les généreuses éclaircies ensoleillées.

A contre sens du courant nous naviguons sur 'le Canal Sénoret' puis sur 'le Fjord Ultime Espérance'. Nous dépassons les estancias Régionales, Pérales, les oies, les cormorans ( blancs et noirs),les lions de mer occupent les berges. Les rives sont de plus en plus escarpées, nous rentrons dans « le Parc NationalBernardo O'Higgins », la neige tapisse le haut des montagnes, les glaciers descendent jusqu'au fjord, à l'altitude voisine de zéro et de partout les cascades dévalent en rebonds successifs au contact des aspérités rocheuses. Le bateau nous approche au plus près des glaciers Balmacéda et Sorano, là s'arrête la navigation des bateaux, pour pénétrer plus en amont sur Rio le Sorano, à l'intérieur du massif il faut avoir recours aux zodiacs ; nous prenons alors conscience que notre aventure en Patagonie ne fait que commencer !

Au débarcadère nous posons les pieds à terre pour accéder : par la rive droite, sur 1200 m, d'un petit cours d'eau torrentiel, bordé d'arbustes ressemblant à nos airelles mais aux baies rouges comestibles, par un enchevêtrement de la moraine glacière ; au pied du glacier Sorrano, point de fonte dans un petit lac, lequel se déverse dans le fjord Ultime Espérance. Le cadre est tout simplement magnifique, au pied du glacier nous prenons conscience des beautés de la Nature. Cette Nature aux contrastes saisissants, durs, cruels pour ceux qui ne la comprennent pas, qui n'en mesure pas les effets. Pire que les Japonnais lesappareils cliquent- claquent sans cesse, à cet effet, juché imprudemment sans doute sur un bloc de rocher instable : je chute, sans gravité pour moi ni pour la brave et agréable Dame laquelle, sans le vouloir ni s'en rendre compte, a amorti ma chute, ce qui à provoqué les quolibets de mes « coreligionnaires' ! Ils ont raison de se payer une tranche de rigolade, au retour à l'embarcadère il en sera tout autre-ment ! Au ponton stationnent des zodiacs dont la mission est d'assurer le transport au restaurant Puerto Toro, situé en face sur la rive gauche. Il faut traverser le haut cours du fjord Ultime Espérance. L'endroit est un cirque comblé par les eaux des glaciers qui s'y déversent, après un parcours chaotique,elles retrouvent là le calme et s'y régénèrent.

Par groupes maximum de dix personnes 'les Commandants de bord des paquebots' nous convient, avant d'embarquer, de nous équiper des gilets de sûreté , chacune et chacun pensent au pire, rires francs ou crispés, à croire que nous sommes des pionniers alors que chaque année des centaines, voire des milliers de touristes font ce parcours. Les sourires ne sont que de circonstance mais nous sentons planer quelques inquiétudes. Je ne sais pas pourquoi mais je me remémore le principe d'Archimède : «  tout corps plongé dans l'eau reçoit... », il n'y a aucun rapport mais cela m'interroge ? l'illustre savantn'avait pas prévu un corps humain et l'eau plus près de zéro que de dix degrés, cesse de fabuler, classe l'affaire au fond du tiroir !

Premier coup de lanceur, le moteur tourne rond c'est parti pour une courte et sereine traversée, sur le ponton rive gauche tous (tes) arborent un large sourire et un appétit naissant.

Outre un très bon repas et au cours de celui-ci, L' Hostéria Balmacera nous offre, sur le versant d'en face, une magnifique vue sur tout le cours du glacier de Serrano.

L'ambiance du restaurant ne dure qu'un temps, déjà nos 'bateliers' nous équipent des vêtements de sécurité afin de reprendre place dans les zodiacs, non pas pour retourner au

bateau mais, dans des zodiacs de quatorze places pour remonter le cours du Rio Serrano. L'incertitude de cette remontée qui dure plus de deux heures, à nouveau nous interroge, ce n'est certainement pas « un fleuve tranquille... ? » La nature nous comble de sensations dans ces paysages grandioses, leur beauté sauvage, inhospitalière nous fascine au point d'en oublier momentanément le zodiac. Sur l'eau et sur les rives d'innombrables palmipèdes, dont des oies de toutes espèces et de toutes les couleurs, ne semblent pas troublés pas notre passage, le cours s'élargit ou se resserre là, notre attention se reporte sur la navigation d'autan que nos pilotes ont parfois la main lourde sur l'accélérateur. Le Rio Serrano est le cordon ombilical entre les Parcs Nationaux : Bernardo O'Higgins et Torres Del Paine, en quelque sorte un ressaut ou rapide naturel sur le cours marque cette transition. Ce rapide nous contraint, à un petit débarcadère, de mettre pied à terre, à abandonner les zodiacs, puis par un sentier pédestre à reprendre en amont des zodiacs plus petits de sept places ; l'aventure c'est l'aventure !

Nous passons à proximité du glacier de Grey, nous sommes dans le Parc National de Torres

Del Paine.

Lorsque le cours prend un profil plus cool, que nos 'Loustiques' aux commandes veulent se faire plaisir en nous offrant des sensations nouvelles, il leur prend la fantaisie de se pourchasser, de croiser le sillage de l'autre, de le doubler : sensations garanties bonnes ou stressantes à voir, entre autres, la tête de Nicole ! Cette épopée en bateau, en zodiacs, dans des sites hors du commun restera gravée dans nos mémoires, en nous remémorant nos craintes et nos rigolades nous en rirons encore longtemps.

Vers dix sept heures nous arrivons au terme de cette inoubliable journée, dans un cadre enchanteur, reposant, avec vue sur le Glacier Tyndall, le superbe Hôtel Tyndall nous ouvre largement ses portes, son confort, sa table et le repos. Egalement sur cette plaine, enlacé dans les méandres du Rio, se dissimule un village vacances. A l'issue de cette journée, plaine de rebondissements, nous éprouvons encore le plaisir d'une promenade pédestre afin de profiter au maximum du cadre qui nous est offert.

Le départ prévu ce matin à neuf heures, alors que le site nous incite à faire la grasse matinée , par la fenêtre de chambre le glacier Tyndall nous fait un matinal clin d'œil .

A l'issue de la visite du Parc National Torres Del Paine, s'achève notre séjour au Chili, mais au cours de cette journée, avec Amio notre guide, d'origine italienne et Bernardo notre chauffeur, nous passons une journée excellente au cœur d'une Nature à couper le souffle.

Se succèdent: les montagnes, les glaciers, les lacs  aux couleurs nuancées du bleu au vert en passant par le brun, sur lesquels flottent et se prélassent des icebergs. Sur le Lago Sarmiento, long de 15 km, large de 5, un impressionnant iceberg, détaché depuis trois mois de la langue glacière, « en père pénard », vient de parcourir les 15 km.

Durant le retour à Puerto Natales nous nous fondons dans des paysages splendides où les lacs et les plaines se lovent entre les montagnes rocheuses couvertes de leur manteau blanc, telles les trois « Fameuses Tours : Cerro Paine Grande, Cerro Almirante Nieto, Paine Chico ». Au pied desquelles repose un lac, sur lequel une île garantit la sérénité d'un hôtel 'de grand standing' !, c'est dans ce décor que nous pique-niquons. Sur les plaines , paisiblement, paissent les guanacos, superbes herbivores, plus gros que la vigogne et ancêtres lointains du lama et de l'alpaga. Paissent également d'importants troupeaux de moutons, source de revenu non négligeable pour les populations locales : articles artisanaux et production de la laine. Les moutons sont rassemblés et tondus dans une unité spécialisée pour la tonte. Bernardo, notre chauffeur, se fera un plaisir, à nous faire visiter la boutique et surtout 'l'usine' de tonte en activité.

De retour à Puerto Natales, sur le port, où le vent n'a rien à envier à notre Mistral, nous clôturons ce merveilleux séjour au CHILI par un dîner aux poissons, c'est bon mais ça 'burle'!

Samedi neuf décembre transfert pour l'ARGENTINE, point de chute un site mythique tant attendu : USHUAIA. Avec ses 4 300 km du nord au sud, ses innombrables îles, les déplacements au CHILI sont toujours des expéditions à plus ou moins long cours. Trois heures en bus nous permettent de rallier l'aéroport de Punta Arénas et après une heure de vol nous touchons le sol Argentin : Ushuaia. Dès les formalités d'entrée terminées Maria Sylvia

Bouteuiller nous prend en charge. Maria francophone gère une agence locale du tourisme.

En 4/4, avec le chauffeur de l'Agence elle nous fait découvrir la baie, puis nous installe chez elle, en périphérie de la ville, en chambres d'hôtes, lieu dit : « La Clochette ».

Selon le proverbe : « le temps c'est de l'argent », si-tôt les bagages déposés Maria et son mari Dimitrio, architecte de profession, avec leur 4/4, nous descendent en ville pour une visite pédestre plus touristique, dont le pénitencier.

Nous avons du mal à réaliser que nous foulons ce site de nos pas, il y a quelques mois encore cette éventualité ne nous serait pas venue à l'esprit, ce ne pouvait être qu'un rêve, comme tous les rêves : inaccessibles. Ushuaia mondialement connue par les documentaires télévisés est à la fois Saint-Tropez et Chamonix. En ce mois de décembre, dans cet hémisphère sud, c'est l'été mais, à cette latitude, les vêtements d'hiver sont de rigueur. Malgré la proximité de la mer

les névés ponctuent les versants à l'altitude de 650 m. et le vent glacial s'engouffre dans la ville. Au restaurant Moustacchio autour d'une table garnie de grillades, accompagnées d'un Cabernet-Sauvignon, les visages reprennent rapidement la couleur pourpre, en harmonie avec les vêtements de couleur à tendance rouge. Il nous faut une bonne nuit pour 'digérer tout ça!'

Il n 'est pas dans le programme de Maria de nous accorder une grasse matinée, nous en sommes bien aise, repoussant cette éventualité pour les nuits de rêves lesquelles, inévitable- -ment, nous ferons en France à notre retour dans nos 'pénates'. Aux commandes du 4/4 Maria nous organise une sortie inattendue dans Le Parc National de « Pierra Del Fuego » : pour nous : Terre deFeu, encore un lieu mythique, interrogateur . Cette grande île de la Terre de Feu, territoire Argentin, considérée inhospitalière par son aspect boisé impénétrable fut un temps inexploré par les premiers navigateurs aventuriers. L'absence de vie humaine sur les rivages, les colonnes de fumée qui ponctuaient l'intérieur furent, pour eux, les raisons de cette appellation : Terre de Feu.

Délaissant le 4/4, une randonnée pédestre va nous permettre de poser nos pas dans ceux des

Alakalufs et Yaghans les premiers habitants de ces terres inhospitalières. Ils vivaient nus sur les rivages où à l'infini alternent mer et terre, ils s' enduisaient de graisse de phoque pour se protéger du froid, se nourrissant des produits de leur pêche, entre autres de coquillages, comme en attestent les tas de coquilles, actuellement recouverts par la végétation. Cet écosystème favorise une grande variété d'espèces végétales, florales et ligneuses que nous découvrons sur les rives du Lac Roca : le 'Natro' un arbre couvert de superbes fleurs rouges ; le hêtre 'brugo' (1) à feuilles persistantes ; le hêtre 'leuga' (1) à feuilles caduques ; la fougère panké'(1) ,préhistorique, d'avant la glaciation, …N.B (1) écriture phonétique, orthographes non garanties.

En zodiac, sur le Canal de Beagle, dans ce labyrinthe d'îles, Maria nous conduit sur une île où se trouve 'le bureau de poste du bout du monde'. Implanté là, avec à demeure, un Facteur (ou Préposé du service postal), il assure la réception, l'oblitération et la transmission du courr que les touristes ne manquent pas d'envoyer, voire même de s'envoyer de 'cette poste du bout du Monde.'

Mais là n'est pas la seule attraction du lieu, la restauration y est inattendue et de bon goût.

Inattendue est le moins que l'on puisse dire : le bureau d'accueil ou de réception de la poste n'est autre que la salle à manger et le Facteur le cuisinier et le serveur, de bonnes raisons pour satisfaire notre étonnement et nos appétits. Si les transferts en zodiac ne sont pas la tarte à la crème pour tous, celui-ci s'efface au profit des bons moments en Terre de Feu.

De retour à Ushuaïa, avant de regagner nos lits douillets à 'La Clochette', nous clôturons notre journée au restaurant référent : le Moustacchio.

Cette journée nouvelle s'annonce mystérieuse, Maria, par un itinéraire : ponctué de lacs et montagnes, doit nous conduire à l'Estancia d'Annie et Pépé ROLITO , il n'en faut pas plus pour activer notre curiosité. Au départ le ciel fait sa tête des mauvais jours, mais le soleil finit par lui damner le pion. Nous allons devoir franchir le sud de la Cordillère des

Andes, équipées de stations, principalement pour le ski de fond ; par le col Garibaldi, passons du versant Pacifique au versant Atlantique. Au pied N.E. Des Andes le lac Fagnano nous offre une palette superbe des couleurs en dégradées, entre autres du vert au bleu.

Après un bref arrêt à Tolhuin, dans une boulangerie réputée, nous entrons dans l'Estancia d'Annie et Pépé, argentins d'origine française, de leur fille Nanou. Annie a hérité de la passion de l'élevage que lui a transmise son père médecin, mais consacrant la plus grande partie de son temps à l'exploitation, passion d'éleveur que lui avait au paravent léguée son père (dentiste). Annie est le pilier administratif du domaine; Pépé orthopédiste, personnage hors du commun, maître es-technologie, trône sur tous les matériels ; Nanou, vétérinaire veille très consciencieusement à la santé du bétail.

L'accueil de nos hôtes, est particulièrement sympathique et chaleureux. La table préalable- -ment dressée nous fait l'honneur des spécialités argentines, particulièrement abondantes dans une estancia où la viande ne fait pas défaut, au menu : grillades variées bœuf et agneau communément appelée « assado ». Bonne entrée en matière pour une présentation de l'estancia, nom qui désigne une grande propriété au sein de laquelle un petit village constitué de pavillons où vivent les ménages des Employés, où s'impose la résidence principale des propriétaires. L'activité y est vouée à l'élevage : 5 à 10 000 ovins, 250 à 300 bovins, y paissent quelques chevaux de monte. Nounou a l'assurance de ne pas être rattrapée par le chômage.

L'estancia  du nom du premier propriétaire Grand' père de Nanou, s'étend sur 17 000 ha, 170 km de périmètre, 300 km de clôtures, 130 km de séparations intérieures ; les pâturages et la forêt dont l'essence principale est un hêtre (nothofagus), se partagent le territoire. Les grillades auxquelles nous avons fait honneur, nous fournissent l' énergie pour satisfaire à une rando . sous la conduite d'Annie, passionnée par ses activités d'éleveuse au sein de cette nature harmonieuse. L'étendue de l'exploitation est bien trop importante pour en découvrir tous les aspects, néanmoins nous approcherons au plus près le bétail lequel, sans doute, mis en confiance par la présence de 'La Patronne', nous considère comme des bipèdes inoffensifs. A contrario nous avons affiché une part de méfiance lorsque nous sommes arrivés en 4/4 au passage de la barrière qui donne accès aux enclos, il fallait en ouvrir la porte !

Là, en sous bois, masqué dans l'ombre, un superbe mais impressionnant taureau nous accueille, en apparence sans agressivité, mi-surpris mi-inquiet, dans le 4/4 protecteur ce n'est pas un moment de liesse. Il faut rendre hommage à Michel lequel, sans quitter les yeux du 'fauve', s'est spontanément, dignement dévoué, ou sacrifié pour ouvrir et refermer la porte après la passage du véhicule. Michel sain et sauf a repris sa place dans le 4/4 que nous abandonnons pour effectuer pédestrement la rando. Annie n'est pas avare d'explications pour nous faire vivre et partager toutes les facettes de l'exploitation sur laquelle de nombreux troupeaux, paisibles, se partagent l'espace et les points d'eau.

De retour à la maison, avant le dîner en famille, dans la joie Michel devient pilote d'essai sur un prototype tout terrain, construit par Pépé.

En ce 11 décembre, 'vivre et partager' s'applique avec acuité, à l'issue de cette rando. apéritive, en compagnie de Pépé, cela va de soi, de Nanou, Sylvia son mari Dimitrio, nous fêtons le soixantième anniversaire d'Annie. Dimitrio, sommelier de circonstance, fait circuler le champagne, nos verres tintent en l'honneur et au bonheur d'Annie et de Rolito.

Nous sommes un peu confus mais honorés et très reconnaissants de vivre avec eux ce moment d'intimité, presque un dernier moment, demain, après une nuit réparatrice en chambres d'hôtes, dans le pavillon d' Ana y José, nous reprendrons la route pour Ushuaïa.

 Il fait beau et le vent souffle, temps idéal pour visiter la partie réservée aux ovins, nous nous attardons plus particulièrement dans les stalles du hangar où se fait la tonte, où l'on trie et conditionne les catégories de laine, où sans le vent nous aurions subi l'odeur agressive du suint.

Par le même itinéraire, cent soixante kilomètres nous séparent d'Ushuaïa, individuellement nous profitons du trajet pour nous enfermer dans nos pensées, pour enregistrer nos souvenirs .

Michel utilise ce temps pour faire la sieste, la tête penchée en avant, le menton sur la poitrine , à quoi pense-t-il... ? à rien sans doute, il fait le vide. A Ushuaïa , Maria Sylvia nous dépose au port pour un après midi libre, en attendant le vol pour Buenos Aires.

La tentation d'une navigation en catamaran sur le Canal de Beagle est forte, mais le vent fort et le ciel brusquement nuageux diffèrent l'embarquement. Nous mettons ce temps d'attente imprévu pour satisfaire nos estomacs dans un restaurant au service rapide, rapide mais qui nous donne entière satisfaction.

Le vent baisse d'intensité, le soleil est partiellement de retour, les moteurs ronronnent, la passerelle est mise en place, c'est parti pour 'la croisière' ! On ne peut pas regretter ce qu'on a pas vécu, sinon le fait lui même, mais dans le cas présent embarquer et vivre ce parcours restera un souvenir impérissable. La navigation sur ce Canal naturel, d'apparence tranquille peut rapidement devenir dangereuse : par mer agitée et par la présence d'écueils rocheux signalés par un phare. Les Andes à portée de main aux sommets enneigés, la Baie d'Ushuaïa, la ville qui s'étire entre mer et montagnes nous offrent un véritable spectacle. Il fait un tantinet frisquet sur le pont, mais pas question de se priver de la présence des innombrables Lions de Mer et Cormorans qui cohabitent sur les îlots rocheux et posent pour nous, tout en captant les derniers rayons de soleil ; de se priver de cette vue imprenable.

Ce séjour, en ce site mythique prend fin, à dix neuf heures Dimitrio nous accompagne à l'aéroport pour un vol de trois mille kilomètres à destination de Buenos Aires, où nous ferons étape.

Mercredi treize, zéro heure trente, Monique, qui nous prend en charge pour ce court séjour, nous conduit à l'Hôtel 'Howard Jonhson Da Vinci', où nous sommes hébergés.

La grasse matinée ce sera pour plus tard, Monique ne nous laisse que le temps d'engloutir le petit déjeuner avant de nous fondre dans la ville, afin que nous fixiions dans nos mémoires les espaces et monuments importants, entre autres: la Place Mayo, la Casa Rosada, le Palais

Présidentiel, différents quartiers dont celui de la Boca ; pour une page d'histoire : la statue d'Eva Péron, la réplique de la Tour de Londres. Notre étonnement est à son comble lorsque nous découvrons cet impressionnant et fabuleux caoutchouc géant. Vu avec recul, avec son houppier de trente mètres de diamètre, il occupe toute la place ; ses premières branches basses, longues et horizontales, telles d'énormes tentacules, sont étayées par des pieux ; son tronc ; entouré de racines aériennes, tentaculaires, fait de Nicole une lilliputienne.

Monique nous libère en cours d'après midi, Annick globe-trotter de l'équipe nous fait visiter le quartier italien, souvenir d'un voyage qu'elle a effectué en 2005.

Nos estomacs s'impatientent, il est temps de leur donner satisfaction au restaurant Lasnazarénas. S'ils n'ont pas été déçus, en recevant chacun un pavé de bœuf de plus de six cent grammes nous, par contre, sommes perplexes devant ce qui nous attend, heureusement qu'un Cabernet Sauvignon a facilité la déglutition ! Le sympathique Sommelier, pour nous remercier de l'honneur que nous avons réservé à ce repas, nous invite à visiter la cave particulièrement bien garnie. Pour assurer la digestion, rien de mieux qu'une soirée nocturne, au rythme du tango, dans les rues illuminées et animées de Buenos Aires. Cette cité nous laisse le souvenir d'une ville grouillante et sérieusement polluée par la densité des bus et des taxis qui circulent dans des rues non adaptées à leur trafic. Néanmoins, à l'issue d'une bonne nuit réparatrice, nous ne quitterons pas l'Argentine sans avoir flâné, durant la matinée, dans les rues de Buenos Aires pour que ces Dames puissent y faire quelques petits achats souvenirs.

A noter, dans les rues d'Amérique du sud, de constater en corporations les Eboueurs enlever les ordures avec des charrettes tirées par des équipages de chiens et de chevaux.

Ce 14 décembre à 13 H. Monique assure notre transfert à l'aéroport pour le vol prévu à 14 H.50, à destination de Montevideo en Uruguay. En réalité, en raison d'une grève des personnels, entre parenthèse (il n'y a pas qu'en France!) nous décollerons à 15 H.20 .

Moins d''une heure plus retard nous touchons le sol à Montevideo, là, un Patron de minibus sympa. nous conduit à l'Hôtel Pocitos Plaza , à 150 m. de la plage nous ne pouvions pas espérer mieux. Installation rapide, profitant de cet environnement agréable, nous allons au bord de mer satisfaire nos appétits, entre autres : excellente morue grillée, puis, pour accélérer la digestion , terminer la journée et dégourdir nos gambettes, nous partons pour une longue promenade sur cette grande baie où le Rio Plata rejoint La Mer Atlantique. Montevideo, à si méprendre, ressemble étrangement à une station balnéaire française, avec en plus, dans les rues, de façon désordonnée, le grouillement des piétons des bus et des taxis.

A chaque étape, bien que de façon superficielle, notre soif de découvrir : le Pays, le mode de vie des autochtones, leur culture, nous attire comme un aimant et nous réjouit, à Montevideo, une rencontre émotionnelle ajoutera la cerise sur le gâteau. Nous avons rendez vous avec Marie Lafesve, sœurde Patrick et Laurent,lequel nous avions eu le plaisir d'inviter, en 2010 pour partager un repas, lors d'un voyage de groupe à Limoges : enfants de Josée ( Zette) et de Maurice, militant « fer de lance » sur le plan syndical et mutualiste. En service en Région Parisienne, maintes et maintes fois, pour parfaire un travail commun, le militant national provincial dont Annick et Gérard étaient partie intégrante, trouvait refuge chez Eux. C'est au cours de ces activités que nous avons connu Patrick,Laurent et Marie laquelle, trouvant l'âme sœur, a immigrée au Uruguay.

Vendredi 15 sous un chaud soleil, la matinée est radieuse , en attendant Marie nous en profitons : pour flâner sur la rive du Rio, pour nous restaurer dans une cafétéria. A l'hôtel, à 15 h , après quelques décennies, avec une grande émotion partagée, nous retrouvons Marie, à noter qu'elle réside à 90 km de Montevideo, qu'elle a dû se plier aux horaires des transports pour nous rejoindre.

En évoquant  les souvenirs passés, les Parents, Marie nous fait découvrir, en partie, cette ville qu'elle connaît particulièrement bien. Elle nous conduira à La Place de l'Indépendance, chère aux Uruguayens, là, après un temps de repos nous nous séparerons, toujours avec autant d'émotions mais avec l'espoir de prochaines retrouvailles en France où elle projette de revenir en visite, voir même, peut être d'y revenir définitivement, cela sera fonction de l'avenir professionnel et des résidences de ses Enfants.

De retour à l'hôtel, vers 20 h : dînons au restaurant puis prenons un repos bien mérité; demain, retour à Santiago le circuit sera bouclé.

«  demain... c'est aujourd'hui... ! ».

Réveil 6 h. du 'mat', avec le plus grand sérieux ultime préparation des bagages, derniers achats, dernières cartes postales, tout doit être bien conditionné pour un long retour à la Mère Patrie, avec transferts ; mais cela ne nous fait pas souci, la fréquence étant devenue une deuxième nature.

A l'issue du transfert à l'aéroport nous quittons à regret le Rio de la Plata et l'Uruguay à 11 h.50. Deux heures de vol avec un regard figé d'admiration sur la Cordillère des Andes une heure de formalités, à quinze heure nous nous retrouvons pour la troisième nuit à l'Hôtel Fundador à Santiago, point de départ de notre périple et quel périple, que de souvenirs engrangés : cités mythiques ; paysages désertiques ,rocheux, glaciers, sel, geysers, paysages verdoyants aux immenses troupeaux de bovins et ovins, mer du pacifique aux innombrables Iles... bons moments en parfaite harmonie passés ensemble et avec nos Hôtes...

Avant le retour prévu demain, destination France, sans enthousiasme particulier il faut terminer la journée en tuant le temps : nous nous offrons : du point haut du Jardin Public Municipal une superbe vue plongeante sur Santiago et à l'hôtel, ce qui n'est pas à dédaigner, pourquoi pas, un repas 'super' pique-nique arrosé au Pisco et au Cabernet, à votre santé Lectrices Lecteurs !

Dix sept décembre, comme il fallait s'y attendre la régularité des services réguliers aériens est de notoriété irrégulière. Le décollage de Santiago, initialement annoncé à 14 h. est successivement reporté. Comme la veille il nous faut encore tuer le temps et du Jardin Public, sous un autre angle, admirer Santiago... ! Enfin vers 21 h.20, (1 h.20 heure Française) calés dans nos sièges, nous sombrons dans nos rêves, dieu qu'il y en a !

18 décembre, restauration dans l'avion et après 13 h. de vol, nous touchons la piste de Madrid, encore un départ retardé mais, enfin, 'frais comme des gardons', à 20 h. nous atterrissons à Lyon où la température nous surprend par sa fraîcheur, nous avions occulté le changement d'hémisphère. Retour à Valence avec notre fidèle transporteur puis dans nos foyers respectifs au plus tard à minuit, où nous retrouvons nos couettes.

Le voyage en Harmonie n'est pas terminé, ce n'était qu'une 'escale', la prochaine est déjà dans les cartons, alors, selon la formule à la mode : « A PLUS »

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Le voyage «en harmonie» au Chili (Gérard)