Récit d’Elisabeth à Terre-Neuve-et-Labrador

Paroles de voyageurs

Récit d’Elisabeth à Terre-Neuve-et-Labrador

16 Jul 2024
par Hina Ledru

Après quelques jours passés à Montréal, Elisabeth et son mari sont partis à la découverte de Terre-Neuve-et-Labrador, la province la plus orientale du Canada. Lors de leur voyage, Elisabeth nous a gentiment partagé leurs aventures à travers son journal de bord. Voici donc le récit de leur voyage dans cette contrée à l’extrême Est du continent américain :

Mercredi 26 juin

"Nous voilà en pays anglophone et il semble que personne ne parle français. Heureusement, on s’explique grâce aux applications de traduction sur les téléphones. Il y a ici une heure et demie de décalage horaire avec Montréal. On reconnaît les locaux qui déambulent en petite tenue, tongs, débardeur et casquette, alors qu’avec les 13 degrés qui nous accueillent, je supporte très bien le manteau d’hiver.

Après une courte sieste, nous commençons à arpenter Saint John’s, la capitale de Terre-Neuve. C’est un gros port très actif, avec ses maisons colorées caractéristiques. On dit qu’autrefois, les pêcheurs à la morue appréciaient de reconnaître de loin leur maison lorsqu’ils rentraient dans la brume d’une campagne de pêche… Malheureusement, le temps est gris et ça manque de lumière pour les photos des façades. Le centre-ville nous fait penser un peu à Galway, un peu à Tampere, avec des pubs qui diffusent la musique jusque dans les rues…

Nous terminons la journée par un plat de morue : ça s’imposait !

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 27 juin

Ce matin, il fait très doux (23°) mais un vent violent se lève.

Nous partons en voiture vers le sud en longeant la côte jusqu’à Cap Spear, le point le plus à l’est du continent nord-américain.

Nous optons pour une partie de la journée en voiture et longeons cette côte pendant une centaine de kilomètres : sur notre gauche apparaissent des échancrures de mer, des fjords, des petits ports colorés, tandis que de l’autre côté, lacs et forêts se succèdent. Cette région s’appelle la péninsule d’Avalon et la moitié de la population de Terre-Neuve y vit ; c’est une des premières colonies européennes en Amérique du nord ; nous tombons sur des fouilles archéologiques et la reconstitution d’une ancienne forge.

Nous poussons jusqu’au petit port de Ferryland, un minuscule et charmant village de pêcheurs où nous déjeunons d’une soupe de haricots au lard ! L’ambiance est toujours très irlandaise, que ce soit dans les dénominations ou dans les musiques qu’on entend. Quelques personnes se tiennent sur la plage avec des enfants : pour un peu, elles se baigneraient !

De retour dans les environs de Saint John’s, nous nous promenons dans Quidi Vidi, un petit port actif depuis le XVIIème siècle, où quelques maisons de couleur vive sont adossées à une paroi rocheuse. L’endroit (et sa brasserie) semble très fréquenté par la jeunesse : on dirait qu’un concert se prépare.

Il semble qu’il n’y ait pas beaucoup de francophones ici, ni français ni québécois. On s’est adressé à nous seulement dans un anglais que je ne comprends pas du tout : je me demande si j’ai tout oublié de cette langue, ou bien si, à ma décharge, les gens d’ici n’auraient pas un accent particulier ? 

Nous faisons une dernière promenade du soir dans la rue piétonne de Saint John’s. Nous avons du mal à imaginer que nous arpentons la capitale d'une immense province du Canada : NL (Newfoundland Labrador). Elle compte seulement 500 000 personnes réparties sur un vaste territoire. Cette rue piétonne de capitale nous semble un peu déserte, comme disproportionnée, même s'il y règne une belle animation dans une ambiance débonnaire. Il fait 17° ce soir, et les gens se promènent en petite tenue, souvent bien originale, et on dirait qu'ils vivent le plus chaud de leur été.

Vendredi 28 juin

Nous prenons ce matin la route pour Saint-Pierre et Miquelon plus exactement Saint-Pierre. Je me souviens des bonnes raisons qui nous ont fait ajouter Saint-Pierre à notre périple Terre-neuvien. Mais ce qui a fait basculer ce rêve flou vers un projet consistant a été la lecture de ce qui, pour moi, a été le roman policier le plus marquant parmi ceux que j'ai lu jusqu’alors : Dans les brumes de Capelans d'Olivier Norek Et voilà comment un soir de juin, on se retrouve à Saint-Pierre !

Mais d’abord, il y a eu toute la route depuis Saint John’s, soit pas loin de 400 kilomètres. Nous nous engageons sur la transcanadienne n° 1 qui démarre d’ici, pour bifurquer ensuite vers d’autres routes. Nous n’avançons pas très vite en raison de la pluie incessante, des gerbes d’eau que lancent les camions qui nous croisent et des nids de poule sur la route. Toute une partie de la route est complètement déserte et il ne faut pas oublier de prendre de l’essence bien en avance.

Dans l’après-midi, la pluie se calme un peu, ce qui nous permet quelques incursions vers de très jolis et minuscules ports avec des casiers pour la pêche au homard. Tout est peint en couleurs vives, ce qui doit être réconfortant pendant les saisons grises. De nombreux emplacements de pique-nique parsèment le paysage… mais je me demande qui les utilise ?

Nous voilà arrivés à Fortune avec une pensée spéciale pour le capitaine Coste. Dire que c’est le bout du monde est peu de choses ! Le bureau des ferry se résume à une petite pièce attenante à un mini salon de thé, nappes à carreaux et dentelles, qui vend les places de parkings. On ne comprend pas tout, mais on nous demande de suivre un pick-up pour aller nous garer loin, dans une zone improbable. Nous passons la douane puis embarquons. La mer est agitée, brumeuse et le mal de mer sévit. La traversée dure une heure et demie (on a désormais 1/2 heure de décalage avec Terre-Neuve). Subitement, tout le monde parle français avec un accent indéfinissable. Dans les sièges derrière les notres, des pêcheurs d’ici parlent de leurs droits à la retraite…

À l’arrivée, nous sommes accueillis par Pierre, le jeune patron de notre auberge, qui vient nous chercher en voiture. Tout semble décalé et chaleureux et nous avons l’impression d’être au bout du monde…

Samedi 29 juin

Une journée à Saint-Pierre :

Tandis que l’effervescence et l’inquiétude montent en France, comme en témoignent les infos, nous vivons des jours baignés de paix et de beauté. Le décalage est étrange. Saint-Pierre et Miquelon constituent une collectivité territoriale, ce qui induit un statut particulier très original, mais c’est la France. Les voitures ont une immatriculation française et tout le monde parle français, avec un accent qui oscille entre le breton et le basque, tout comme de nombreux ancêtres de ces habitants. Au milieu du village, on trouve un terrain de foot et un autre de pelote basque !

Au total, moins de 7000 habitants vivent sur l’archipel dont une très grande majorité à Saint-Pierre. Tous les services de l'État sont représentés : hôpital, trésor public, gendarmerie, tribunal (et juste derrière une prison…).

Nous nous promenons longuement le long des quais. Il fait 10 à 12 degrés mais sans vent et c’est agréable. On admire l’ambiance paisible, et surtout on dégotte une colonie de phoques qui semblent bronzer sur les rochers. Au premier abord, ils nous font penser à de grosses limaces nonchalantes qui par moment se trémoussent. Parfois, leur museau expressif évoque nos minous laissés au pays

Demain, nous reprendrons le ferry vers Terre-Neuve et nous resterons attachés à cette terre trop brièvement entrevue.

Dimanche 30 juin

Nous quittons Saint-Pierre et Miquelon par un temps calme et la traversée est plus paisible qu’à l’aller. 

Nous commençons à filer vers le nord car nous nous rendons à la Péninsule de Bonavista. Nous sommes installés à Port Rexton, dans la péninsule de Bonavista, et l’endroit est juste merveilleux même s’il ne fait pas chaud !

Lundi 1er juillet

Aujourd’hui, c’est la fête du Canada !

Hier soir, avons nous opté pour une journée tranquille aujourd’hui. Il faut dire que le territoire est immense et que tout est magnifique. Il faudrait idéalement passer une semaine à chaque lieu d’étape.

Aussi, nous traînons et profitons de notre chambre douillette, avec la vue sur la baie. Puis nous partons pour le petit port de Trinity. Là, nous flânons à travers les jolies vues, les chemins couverts de fleurs et les lieux historiques.

L’église anglicane tout en bois est une merveille à l’odeur d’encaustique. Nous sommes émus par le carnet de comptabilité du magasin général où étaient mentionnés les dettes des femmes attendant, pour régler la note, le retour de la campagne de pêche. À la forge, nous sommes accueillis par un jeune forgeron dont la grand-mère vient de Saint-Pierre-et-Miquelon. Il parle donc un peu français, nous explique son travail tout en activant le soufflet et en martelant un gros clou. Nous pensons souvent au courage de ceux qui sont arrivés ici par la mer dans des conditions terribles, explorateurs puis pauvres gens fuyant la misère… Les plus anciens seraient les Vikings autour de l’an 1000, puis le navigateur John Cabot en été 1497.

 

Mardi 2 juillet

Nous quittons la Péninsule de Bonavista sous la pluie : direction le nord ouest. Malheureusement, il n’y a aucune visibilité. Nous longeons le Parc de Terra-Nova mais renonçons à le visiter de crainte d’être complètement trempés. Je m’amuse d’un panneau « Les armes à feu doivent être transportées déchargées ». Nos seules armes sont notre petit couteau de camping, longueur 8 centimètres déplié et un autre couteau en bambou. Nous ne ferons donc pas les malins !

Après avoir consulté nos météos, nous optons pour filer en longeant la côte. La route est longue mais le ciel se dégage peu à peu.

Nous faisons halte à Boyd’s Cove pour visiter un centre d’interprétation dédié au peuple Beothuk. Ce peuple (très proche des Innus) vivait sur presque toutes les côtes de Terre-Neuve à l’arrivée des européens. Il a été peu à peu décimé pour disparaitre au début du XIX° siècle. Le long du centre, on trouve un sentier bordé de plateformes en bois et d’offrandes accrochées aux arbres.

Il s'agit du jardin spirituel conçu à la suite de discussions avec le peuple micmac de la province. Selon eux, il devait y avoir sur le site un symbole pour rendre hommage à la culture et la spiritualité autochtones du peuple Béothuk. C’est très touchant, mais nous sommes chassés par notre première attaque de moustiques ! Nous trouvons aussi les premières recommandations à suivre en cas de rencontre avec un ours. Nous avions vu les mêmes sur la Côte Nord, mais avons du mal à imaginer notre réaction si nous nous trouvions nez à nez…

Nous arrivons enfin à Twillingate dans un enchantement. Le temps s’est levé, tout est paisible et il règne sur la baie ce genre de lumière du nord qu’on adore…

Mercredi 3 juillet

Il fait très beau ce matin, et ça tombe bien, car nous avons une sortie en mer en perspective… Le petit bateau accueille une vingtaine de personne dans une ambiance très chaleureuse. Nous ne comprenons toujours rien à l’anglais d’ici et donc rien aux explications.

Comme il n’y a ni baleines ni icebergs, censés être le but de la sortie, l’équipage détend l’ambiance avec des danses un peu irlandaises, ou terre-neuviennes, ou un peu « tribales ». On entend ensuite une reprise de Santiano d’Hugues Aufray, dans un rythme irlandais avec des paroles dans un anglais qu’on comprend suffisamment pour réaliser que San Francisco est remplacé par Mexico !

L’équipage fait néanmoins son maximum pour nous montrer de belles choses : des anses secrètes, des guillemots, des colonies entières de cormorans, et puis sur la falaise, un nid d’aigle ; un peu plus tard, on devine le couple dans les rochers.

Nous pique-niquons sur un de ces sièges adirondaks qui rythment les paysages et me font penser aux romans de Joyce Carol Oates. Je réalise un exploit dont j’ai le secret : attraper un coup de soleil à Terre-Neuve !

Après un moment de repos, nous reprenons la voiture pour aller marcher sur les sentiers, du côté du phare, admirer une dernière fois chaque petite anse déchiquetée, et graver ces paysages de paix dans nos mémoires.

Jeudi 4 juillet

Ce matin, nous mettons le cap à l’ouest sous une chaleur étonnante. La route est longue et monotone. La surface de Terre-Neuve est proche de celle de l’Islande, c'est-à-dire bien plus petite que celle de la France (environ 1/4 de la superficie totale) mais comme le territoire est extrêmement découpé, les distances sont aussi longues. Notre périple revient un peu d'avoir été de Strasbourg à Brest en passant par Marseille !

Nous faisons halte pour le pique-nique du midi devant une sorte de baraque à frites sur une aire improbable ; l’ ambiance devient « américaine », avec de gros 4X4 conduits par des types qui n’arrêtent même pas leur moteur le temps de passer commande. La serveuse appelle tout le monde « my love » ou « my dear »  ; c’est un peu déroutant !

Nous arrivons dans le parc du Gros Morne, un immense parc national (1800 km2) sur un terrain façonné par le retrait des glaces à la fin de la période glaciaire. C’est la prolongation des Appalaches. Le paysage change et nous arrivons à Rocky Harbour. En face de nous, ce n’est plus l’Atlantique mais la très large embouchure du Saint-Laurent. Les Isles de la Madeleine que nous avions tant aimées ne sont pas loin.

La température a changé avec un vent très frais. Nous logeons dans des « cabins » face à la mer. L’ambiance est plus rude qu’à Twillingate mais on aime bien ça aussi : de vieux camions attendent près du port et n'en finissent pas de rouiller ; des oiseaux nichent dans ce qu’il en reste ; on voit passer une belette noire ; les pêcheurs rentrent au port et leur pêche est aussitôt vendue dans une minuscule criée ou au magasin général…

Vendredi 5 juillet

Nous voilà partis pour l’Étang du Western Brook, à une trentaine de kilomètres au nord de Rocky Harbour dans le parc du Grand Morne pour une sortie en bateau. Il s’agit en fait d’un impressionnant fjord intérieur de 16 kilomètres de long, entouré de parois hautes de 650 mètres.

Pour nous rendre à l’embarcadère, il faut marcher 3 kilomètres, sur un sentier caillouteux à travers un merveilleux paysage de tourbières. J’y retrouve la linaigrette, objet d'un de mes premiers émois nordiques, lors d’un voyage en Norvège qui doit dater de 1979… Des iris versicolore (un des emblèmes du Québec), des épervières orangées, des onagres et plein d’autres beautés ponctuent ces étendues sauvages battues par les vents. C’est parfois difficile d’avancer, mais c’est vraiment beau !

Il n’y a pas grand chose à dire de la belle sortie dans le fjord : tout est expliqué dans l'anglais d’ici qu’on ne comprend toujours pas. Nous étions censés apercevoir des ours et des caribous… mais n’avons vu que des falaises et des cascades somptueuses. Le plus impressionnant a été de déposer tout au fond du fjord, au milieu de nulle part, sur une petite plate forme, un groupe de randonneurs avec d'énormes sac à dos. J'ai compris qu'ils se dirigent vers Rocky Harbour par la montagne mais, vu leur équipement, je suppose qu'ils vont dormir en chemin plusieurs nuits. Pour être honnête, je ne les envie pas, entre le temps qui s’est couvert, les dénivelés impressionnants, les moustiques et les ours en forêt.

Je termine par un aveu, en sachant que parmi nos lecteurs, plusieurs sont végétariens ! Hier soir Philippe a goûté la soupe d’orignal ! Mais-nous avons la conscience à peu près tranquille en découvrant que, si le caribou est une espèce endémique protégée, l’orignal a été introduit il y a un peu plus d'un siècle et constitue une véritable catastrophe pour les territoires d'ici puisqu'il peut manger jusqu’à 18 kg d’arbres et d’arbustes par jour…

Samedi 6 juillet

Nous partons vers le nord par la Route de Vikings. À notre gauche, la Baie du Saint Laurent se déploie en de larges incursions. C’est beau, mais de moins en moins habité. Pas question de rater une station essence car elles s’espacent aussi.

Nous faisons quelques haltes, en particulier à Port au choix, un lieu peuplé très précocement puis investi par les pêcheurs basques. Nous y dégotons un charmant lieu de pique-nique. La halte suivante se situe au Port de Saint Barbe pour aller voir l’embarcadère du ferry pour Blanc Sablon et le Labrador. En effet, il y sept ans, après avoir pris le cargo-Ferry pour Blanc-Sablon aux confins du Labrador, nous avions vu des voitures partir pour Terre-Neuve et nous nous étions dit : « nous irons un jour ! ». Cela donne une impression de réalisation, de tenir des promesses qu’on s’est données.

A partir de là et pendant quelques kilomètres, on devine au loin du golfe, la Côte du Labrador… Parfois, on tombe sur quelques jardins gagnés sur les petits espaces, ni tourbière, ni rocher, ni plein vent. Ils sont rares, et semblent sortir de nulle part, bien protégés par de hautes palissades.

Parfois, la route est monotone, même si la végétation change et ressemble souvent à de la toundra… quand soudain, surgit un ours nonchalant sur la route ! Le temps de s’arrêter, déclencher l’appareil photo du téléphone, il est déjà rentré dans les fourrés.

Nous arrivons enfin à l’Anse au Meadows, un haut lieu viking. Nous voilà au bout de la route, dans une ambiance de bout du monde, et c’est vraiment ça qu’on aime par dessus-tout.

Dimanche 7 juillet

L’impression est bizarre : dans le calme et la paix absolus de l’Anse au Meadows, nous attendons avec inquiétude les résultats des élections en France.

Le matin, nous allons au Centre d’Interprétation et bénéficions d’une visite en français. La région semble avoir été habitée précocement par des populations autochtones diverses. [...]

On nous explique qu’au début, les Vikings ne restaient pas en permanence ici et venaient s’installer seulement pour quelques mois ou années d’affilée, afin de se fournir en bois (absent au Groenland). Par ailleurs, une totale incompréhension régnait entre eux et les peuples autochtones. Bref, c’est très intéressant de voir tous ces vestiges qui permettent de faire revivre une civilisation. Le guide nous parle de pratiques favorables aux femmes, embarquées sur les navires, certes pour accomplir des taches particulières (coudre les voiles et les vêtements, préparer à manger…) mais avec beaucoup de considération. Gare à celui qui se comporte mal avec l’un d’entre elles (on est en l’an 1000) ! A côté, se tiennent des reconstitutions des maisons, avec des comédiens qui répondent aux questions comme s’ils racontaient leur propre vie. Vraiment bien !

Ensuite, nous partons pour une promenade de 2,5 kilomètres dans la tourbière. En fait, nous découvrons que cette région de l’Anse aux Meadows, est la seule de Terre-Neuve couverte d’une végétation de toundra sub-arctique. C’est peut-être pour ça qu’on se sent si bien. Des sarracénies, de l’herbe à caribou (en fait une sorte de lichen), du thé du Labrador, de la chicoutai (une des multiples baies très vitaminées), du laurier des marais… tout ce qu’on avait découvert dans notre incursion passée vers le Labrador. Il est bien difficile de traduire l’ambiance par ces photos sous la brume.

Difficile aussi sans l’odeur des épinettes, sans le pas qui résonne sourdement dans le sol souple de la tourbière, sans chaque chant d’oiseau, qui se répand très loin, chaque bruissement d’ailes, tant l’ambiance est à la fois silencieuse et grouillante de vie.

Nous découvrons la dénomination d’arbre rabougri, ces épinettes qui en raison de la neige du vent, et du sol acide la tourbière prennent des formes étonnantes, tous tordus mais tenant bon !

En revanche, nous n’avons pas vu un seul iceberg contrairement à notre voyage précédent effectué exactement à la même époque : le réchauffement climatique serait-il marquant en seulement 7 années, ou bien est-ce un hasard lié à un été précoce ?

Lundi 8 juillet

Sur les conseils de nos voisins de petit déjeuner venus de l'Alberta, nous visitons ce matin un deuxième village viking. La reconstitution est vraiment superbe, tout à fait crédible et pas du tout ridicule comme ça peut facilement être le cas. Le bateau est superbe. Nous discutons avec le « forgeron » qui nous dit qu'il commence à transmettre le métier à son fils de sept ans, car il sait que son espérance de vie ne dépassera pas la quarantaine dans le meilleur des cas, en raison de la fumée qu’il insuffle chaque jour. On s’y croirait ! L’église est très touchante, avec son toit en herbe, ses bancs en rondins et son Christ en croix sculpté…

Nous continuons par quelques dernières embardées vers des ports minuscules, plus charmants et colorés les uns que les autres.

Nous pique-niquons à Saint Barbe, face à l’embarcadère pour Blanc-Sablon-Labrador. Les véhicules se pressent pour le départ. J’adore cette ambiance qui me fait déjà rêver à d’autres voyages.

Nous prenons ensuite la route vers le sud, c’est le retour mais nous allons longer le Golfe du Saint-Laurent et espérons nous régaler encore un peu. Malheureusement, des masses de brumes, telles celles décrites par Olivier Norek, s’abattent par longs intervalles et obscurcissent tout. Aussi, la route nous semble bien longue pour rentrer jusqu’à Rocky Harbour où nous faisons une dernière halte. […] Nous avons parcouru plus de 3000 km."

Encore un grand merci à Elisabeth de nous avoir fait voyagé à travers son récit ! Si vous aussi vous rêvez de partir découvrir ses contrées extrêmes, contactez-nous !

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